M. Philippe de Maintenant est gérant d’une propriété forestière à Isdes, en Sologne.
Il est actuellement président d’honneur du groupement de développement forestier Loiret-Sologne (GEDEF). Il en a été président durant 13 ans. Il est également administrateur suppléant et ex-administrateur titulaire au centre régional de la propriété forestière du Centre et d’Ile-de-France (CRPF).
Il a décidé de signer la charte Natura 2000 Sologne. Il a accepté de répondre à nos questions.
Quel regard portez-vous sur Natura 2000 en Sologne ?
Natura 2000 est fondamentalement une bonne démarche. Son application actuelle en Sologne me semble tout à fait raisonnable.
En effet, le monde forestier s’est largement investi dans le dispositif pour équilibrer le dialogue avec l’administration et les autres acteurs locaux. Un climat de confiance s’est ainsi créé. Nous devons nous rappeler qu’au départ, il y a eu un blocage légitime de la part des propriétaires solognots. En effet, ce dispositif semblait nous être imposé.
Enfin, le CRPF est un organisme qui travaille pour la forêt privée. Il met en œuvre Natura 2000 en Sologne. C’est donc rassurant.
Pourquoi avez-vous signé la charte Natura 2000 Sologne ?
Un propriétaire forestier est responsable d’un patrimoine. Il doit le gérer, le préserver pour le transmettre aux générations futures. La charte Natura 2000 favorise une meilleure prise en compte de la biodiversité. Y adhérer est donc cohérent.
De plus, s’investir dans Natura 2000 démontre que les forestiers privés se préoccupent des questions environnementales. C’est important, car il faut être conscient que Natura 2000 Sologne évoluera. Or, une forte mobilisation des propriétaires dans le dispositif est le meilleur moyen d’être toujours entendu et de limiter les risques de dérive.
Conseilleriez-vous aux autres propriétaires solognots de signer la charte ?
Je conseille à tous les propriétaires de réfléchir et de bien s’informer sur la question. Signer la charte est avant tout un acte volontaire et responsable.
Mes six beaux-frères et belles-sœurs, ainsi que moi-même, nous partageons en nue-propriété les hectares de la forêt de Sainte-Claire. Initialement très réticents à Natura 2000, ils ont progressivement changé d’avis à force de réunions, de discutions et d’échanges d’information.
Aujourd’hui, nous avons tous adhéré à la charte Natura 2000.
Mais adhérer à Natura 2000 n’est pas encore une démarche spontanée pour un propriétaire. Il a besoin d’être encouragé. L’action du CRPF, structure animatrice, est ici déterminante.
La charte vous paraît-elle contraignante ?
La charte est peu contraignante. Les mesures de gestion sont simples et logiques : continuer de faire ce qui est bien et améliorer ce qui l’est moins.
De plus, la charte est un engagement à durée déterminée (5 ans). On ne sent pas prisonnier.
Par contre, l’engagement « assec estival d’un étang » peut poser un problème à certains propriétaires puisqu’ils perdent une année d’exploitation. C’est pourtant une pratique traditionnelle en Sologne.
Existe-t-il des difficultés pour monter le dossier de charte ?
Quand on est déjà familiarisé avec les papiers administratifs, ce n’est pas difficile. Par contre, renseigner les milieux naturels en fonction de la nomenclature de la charte peut être plus compliqué. Certaines parcelles présentent une importante diversité de milieux qui ne sont pas toujours bien identifiables pour un propriétaire. Mais l’animateur du site est disponible pour aider les futurs adhérents.
L’administration peut venir contrôler le respect des engagements de la charte. Est-ce un frein pour vous ?
Aucune personne ne vient à l’improviste. Il est d’ailleurs prévu que le propriétaire soit prévenu pour fixer un rendez-vous. S’il-y-a contrôle, le propriétaire sera prévenu à l’avance et un rendez-vous sera fixé. C’est également la même procédure quand un propriétaire bénéficie du régime Monichon ou de la réduction sur l’ISF.
Pensez-vous également signer un contrat Natura 2000 ?
On peut passer un contrat uniquement si un habitat d’intérêt européen est présent et qu’il nécessite un entretien ou une restauration.
Le conservatoire botanique national du bassin parisien (CBNBP) est venu cet été pour identifier d’éventuels habitats d’intérêt européen. Si cela était nécessaire, j’examinerais volontiers la possibilité d’un contrat.